Live Session : LAAKE

 

Il n’a pas fait le conservatoire. N’a pas été formé aux cours de solfèges et répétitions monotones de sonates. Pourtant, LAAKE, par sa maîtrise du piano, a tout du virtuose, à mi-chemin entre techno et classique, douceur et furie. À l’occasion de son passage sur la scène du Badaboum, LAAKE a eu le droit à sa session filmée : trois morceaux live, accompagné par sa violoncelliste Juliette Serrad.

 










Video : Axel Freret / Video Maker’Z

Live Session : Shkoon

 

Shkoon, c’est un autoroute cosmique entre Berlin et la Syrie.

Le trio a posé ses affaires dans l’Appart’ du Badaboum pour une session live exclusive où se mêlent inédits, improvisations et expérimentations. À l’aise comme à la maison.

 




&ME Talks

On a rencontré &ME lors de l’opening du nouveau Club. Le DJ et producteur allemand est fan de football depuis son enfance, il ne nous en fallait pas plus pour lui poser quelques questions sur le ballon rond et lui offrir un maillot de l’équipe de France. On est champions du monde, faudrait quand même pas l’oublier.

 

 

Il parait que tu es un fan inconditionnel de foot. Ça te vient d’où, c’est un truc de famille ?

En réalité, je détestais le foot au début car je ne pouvais pas jouer à la console quand mon père et mon frère regardaient les matches à la télé. Mais petit à petit, je m’y suis mis.

 

Quel est ton premier souvenir marquant lié au football ?

Ça doit être en 1990, quand l’Allemagne a gagné la Coupe du Monde en Italie. Je regardais le match chez des amis, ou plutôt je jouais devant la télé pendant que ces moments magiques ont eu lieu. Je n’ai pas compris totalement ce que ça représentait sur le coup.

 

Quelle est ton équipe de coeur, celle que tu supporteras peu importe la situation ?

Hanovre 96, c’est sûr, je suis né dans cette ville. Il y a des hauts et des bas (surtout des bas dernièrement, depuis leur passage en seconde division) mais c’est la seule équipe à laquelle je suis attaché. Pour le reste, je suis juste un fan de foot.

 

Tu as une anecdote de tournée liée au foot ? Peut-être as-tu déjà tapé le ballon avec d’autres DJ en tournée ou en festival ?

Tu as beau être le plus grand fan de football, c’est super dur de suivre tous les matches quand tu es en tournée la plupart du temps. Bien sûr, tu peux suivre les résultats, mais ce n’est quand même pas pareil que de regarder les matches en direct. Je n’ai pas encore joué avec d’autres DJ, mais c’est clairement un objectif !

Tu joues un peu à FIFA / PES entre deux dates ?

Pour être honnête, je n’ai jamais vraiment accroché à FIFA ou PES. Quand j’y pense, ça sonne comme le jeu parfait pour moi, mais à chaque fois que j’y ai joué je n’ai pas réussi à rentrer dedans. Je suis plutôt le genre de mec à jouer à Mortal Kombat / Tekken.

 

Toutes les rockstars rêvent de jouer dans un stade, lequel choisirais-tu ?

En Allemagne, je choisirais probablement l’Allianz Arena (Munich), c’est le plus prestigieux.

 

Quelle image as-tu du football français ? As-tu une équipe ou un joueur préféré ?

Je n’ai jamais regardé la Ligue 1, je n’ai vu jouer les équipes françaises qu’en Ligue des Champions. Votre équipe nationale a par contre passé un cap cette année et mérite définitivement d’avoir gagné cette Coupe du Monde. Comme ça, je ne pourrais pas choisir un joueur en particulier, même si je suis toujours un énorme fan de Zidane.

 

Question qui fâche : que penses-tu de la Coupe du Monde à venir au Quatar ?

Je ne comprends pas pourquoi ils construisent des stades coûtant des milliards et des milliards d’euros juste pour deux semaines d’événements sportifs. Il y a tellement de pays possédant déjà ces infrastructures ou qui mériteraient d’en bénéficier. Sans parler de la situation politique…

 

Enfin, la France va rencontrer l’Allemagne prochainement, tu as un pronostic ?

Bon, j’ai répondu à cette interview en retard et on connait désormais le résultat (NDLR : la France a gagné). On a perdu et je pense que l’Allemagne va mettre du temps à reconstruire une bonne équipe.

 

 

Architecture & musique

Pour le nouveau DJ booth du Badaboum, le bureau Nicolas Dorval-Bory Architectes a exploré un renouvellement de l’esthétique industrielle du lieu. A l’image de la musique jouée ici, directe, radicale, surprenante, notre intervention recherche la simplicité, l’efficacité et l’audace : trois éléments standardisés structurels – des poutres métalliques IPE – sont posés au sol, délicatement empilés pour former le booth. Leur surdimensionnement impressionne, leur normalité étonne, leur blancheur, simplement ponctuée de touches de couleurs marque définitivement l’espace du club. La limite du booth ne tient plus seulement dans un objet de design, mais davantage dans l’élégance d’un assemblage élémentaire, brutal, familier, radical.

 




 

Pouvons-nous mettre en résonance des genres musicaux avec des styles architecturaux ? 

Dans l’histoire de l’art, les mouvements artistiques sont toujours plus ou moins liés entre eux, tout simplement parce qu’ils reflètent l’avant-garde dans l’histoire des idées et des manières de voir le monde. A ce titre, le Modernisme (première moitié du XXe siècle) et le Post-Modernisme (deuxième moitié) sont les courants les plus facilement identifiables, transversalement, dans la musique, la peinture, l’architecture ou la littérature.

Les musiques électroniques, tout comme l’architecture contemporaine, ont ceci d’intéressants qu’elles empruntent autant à ces deux mouvements des éléments fondamentaux, tout en y mêlant une spontanéité et la simplicité issue des musiques populaires. La rationalisme et le minimalisme Moderne y sont tout aussi présents que les motifs ancestraux, références sonores et autres harmoniques traditionnelles valorisés par le Post-Modernisme, structuré autour d’une rythmique élémentaire, basique, 4/4. Aussi, l’approche « curatoriale » du DJ est une manifestation très contemporaine des enjeux collaboratifs dans les autres milieux artistiques. De la même manière qu’un projet architectural ne se fait plus seul, le DJ convoque et organise un ensemble de talents, les uns après les autres, et selon le public pour qui il joue.


Qui de la musique et de l’architecture est au service de l’autre ?  

Goethe disait en 1803 que l’architecture était de la musique gelée (Architektur als « erstarrte Musik »), soulignant un rapport au temps fondamentalement opposé. On peut dire que l’architecture, en ce sens qu’elle est une construction « passive », réceptacle des activités humaines, est plutôt au service de ces dernières qui, elles, se développent dans le temps. La musique, et corollairement la danse, sont des manifestations qui viennent remplir, littéralement, l’architecture.


Pour les architectes, quelles sont les problématiques inhérentes à la musique électronique ? 

L’acoustique architecturale est très différente qu’il s’agisse de musique non-amplifiée ou de musique dite « enregistrée ». Pour la première, la forme et les matériaux des espaces vont véritablement participer à la texture de la musique : c’est le cas des églises, des salles de concerts classiques, etc.

Pour la musique électronique, la problématique est tout autre : la musique est diffusée un peu partout, et à très fort volume. Il y a donc deux effets architecturaux directs : permettre au public d’identifier (ou pas, selon la volonté du club) où est jouée la musique, et l’isolation du volume pour ne pas déranger le voisinage. Il y a une idée forte d’abstraction et de réalité parallèle dans la musique électronique, et plus généralement dans la culture du clubbing. Les nombreux paramètres qui composent l’espace-temps d’un club vont dans ce sens là : lumières fragmentées, matériaux sombres, volume sonore élevé, etc. Pour l’architecte, il s’agit d’accompagner cette recherche de décalage. Par ailleurs, la question de l’isolation phonique implique un certain nombre de formes et de matériaux : facettes et matériaux souples pour l’absorption et la diffusion des hautes fréquences, béton et autres matériaux lourds pour l’isolation dans les basses. Ces aspects-là, s’ils sont abordés frontalement, peuvent déterminer une certaine esthétique architecturale.

 

Quelles sont vos expériences et aspirations dans ce dialogue musique-architecture ? 

Le travail de l’architecture par le biais d’éléments atmosphériques ou invisibles, comme l’acoustique, la lumière ou la température, est ce qui m’anime vraiment. Nous avons fait plusieurs projets qui tournent autour de ces sujets, et sur l’acoustique en particulier on peut citer entre autres un concours d’hôtel en Lettonie (2e prix), une boite de nuit éphémère à la Villa Noailles avec Martinez-Barat-Lafore, et plus récemment l’espace central de la Maison de la Radio (en cours), où les données thermiques, lumineuses et sonores se répondent.

A chaque fois, je m’intéresse à la physique réelle derrière les phénomènes, et comment ils peuvent générer une qualité d’espace et une esthétique. Mais au delà du sujet physique, la musique a cette dimension particulière de construction culturelle et de plaisir, phénomène mystérieux dont on ne connait pas tout à fait l’origine, qui l’éloigne de la rigueur des autres phénomènes scientifiques. C’est aussi ce qui rend passionnante la réflexion autour de ce thème.

 

Nicolas Dorval-Bory

Happy Mille : Sandrino

 

Un jeu de fléchettes, une mappemonde, un pays, une anecdote. Le DJ et producteur roumain Sandrino a joué le jeu d’Happy Mille dans le bar caché du Badaboum.

 




Video : Axel Freret / Video Maker’Z

Henrik Schwarz Talks

 

Est-ce qu’il te semble plus compliqué d’exprimer des idées, notamment sur les causes humanitaires et sociales, à travers le medium de la musique électronique qu’à travers d’autres genres musicaux  ?

 

Je pense que c’est tout à fait possible d’exprimer des idées à travers la musique électronique. Les idées sont peut-être plus abstraites que dans des chansons pop où on trouve des paroles, mais on peut quand même véhiculer quelque chose avec le nom des morceaux, la sélection, la combinaison et l’origine des sons utilisés. Je pense en tout cas que l’aspect social de la musique électronique a beaucoup changé, depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui. Pour moi, le coeur de la musique électronique peut se résumer à « tout le monde est le bienvenu ». Ça équivaut à la liberté. C’était la nouvelle idée qui a germé il y a 25 ans ou plus quand j’ai commencé à mixer. Et ça m’a fasciné. Peu importe si tu viens de l’Est ou de l’Ouest, riche ou pauvre, peu importe ta couleur de peau, ton orientation religieuse, homme ou femme, gay ou hétéro, ça n’a pas d’importance. Tu es le bienvenu, tu es libre. Ça a été une réelle croyance dans toute la scène électronique.

 

Je crois que c’est important de ne pas oublier d’où on vient, d’où cette musique vient.

 

Année après année, le monde de la musique électronique est devenu de plus en plus professionnel, en passant de l’underground au mainstream et en perdant peut-être un peu d’impact d’un point de vue social et politique. Je crois que c’est important de ne pas oublier d’où on vient, d’où cette musique vient, et d’utiliser le pouvoir immense qu’elle a aujourd’hui pour donner en retour. Dans certains pays, la musique électronique est encore aujourd’hui un phénomène nouveau et underground. Les gens se rassemblent pour partager des pensées et des énergies en passant un bon moment. C’est donc à la fois social et politique, et aide peut-être un peu à faire bouger les choses.

 

À Paris, il y a une une organisation à but non-lucratif dans le monde de la nuit (pour n’en citer qu’une) qui s’appelle Les Éveillés et qui organise des événements caritatifs dont les bénéfices sont reversés à des associations pour aider les réfugiés. Tous les organisateurs sont bénévoles et les artistes y jouent gratuitement. T’est-il déjà arrivé de croiser ce genre d’initiatives, ou d’y participer ?

 

Ça m’est arrivé. Récolter de l’argent est une chose importante, mais je crois aussi qu’il est important d’aller au contact des gens. Avoir l’esprit ouvert et ne pas avoir peur d’interagir et d’entrer en contact avec d’autres personnes, d’autres cultures qu’on ne connait pas. Un contact réel, pas derrière un écran. J’ai rencontré beaucoup de personnes dans différents pays à travers le monde, et même si on a des cultures et des parcours différents, on veut tous vivre en paix, élever nos enfants et essayer d’être heureux. Peu importe d’où tu viens ou qui tu es. Je trouve ça humain de partager. Partager des idées, partager ce qu’on a à offrir, un talent ou n’importe quoi. Ces idées ne sont pas du tout nouvelles dans le monde de la musique électronique, mais elles ont peut être été un peu oubliées ces dernières années. L’énergie positive que tu peux ramener à la maison après une bonne nuit de clubbing peut être partagée. Avec ceux qui n’ont pas été là.

Woo York ex machina

 

Le live à quatre mains de Woo York se veut sombre, sophistiqué et précis, hypnotisant les foules et agitant les corps depuis bientôt dix ans. Le duo ukrainien originaire de Kiev ne laisse rien au hasard en choisissant minutieusement chaque synthétiseur et chaque boîte à rythme pour mieux jongler entre mélodies oniriques, beats galopants, passages acides et textures soignées. À l’occasion de leur passage au Badaboum en octobre, on a voulu en savoir plus sur le matériel utilisé par Andrew et Dennis.

« Sur la première photo, c’est notre outil principal pour les lignes de basse : le Moog Mother 32 et son patch permettant un maximum de possibilités sonores. On utilise ce synthé pour toute la partie sub de notre live. »

« On utilise le JP 08 pour les accords et les bleeps, c’est un synthé assez simple mais auquel il faut s’habituer car les contrôles sont vraiment petits, c’est dur de trouver la bonne valeur. Il faut être vraiment précis, mais après l’avoir pris en main on peut vraiment en sortir des sons très propres. »

« La TR-8 de Roland est aussi bien utilisée comme boîte à rythme que comme triger pour jouer des drums en MIDI ou des notes de synthé en VST (comme le SH01) dans notre session Ableton Live. Super outil, indispensable dans notre configuration live. »

« Que dire à propos de ces controllers Behringer et Maschine ? On utilise leurs potentiomètres pour jouer avec les synthés : ils envoient des signaux MIDI à nos instruments internes et nos effets. On peut également utiliser les pads pour jouer quelques notes en live. »

Un virage artistique

A l’occasion de ses 5 ans, le Badaboum s’offre une mutation et précise sa vision & son essence.

Elle fête également ses 5 ans, l’agence H A ï K U connue pour ses productions d’événements itinérants et éphémères (Innervisions, Lost In a Moment au Chateau de Vincennes…) se sédentarise et revendique son amour pour le Badaboum en reprenant la DA du club. Le Badaboum prend un virage artistique à la fois visuel et musical, offrant au public la possibilité de vivre des fêtes extraordinaires dans un cadre intimiste.

En privilégiant une programmation de long sets, H A ï K U souhaite faire la part belle aux artistes en leur redonnant une plus grande amplitude d’expression artistique pour faire voyager le public et lui donner le temps de s’imprégner de l’univers de l’artiste. En soutien à la scène locale, une sélection de résidents viendra accompagner les grands noms programmés.

 

Un espace intimiste et immersif

La salle évolue vers une configuration à deux faces qui change d’orientation entre les concerts et le club et s’attache à créer une expérience intimiste et immersive. Dans l’ambition de recréer une proximité entre le public et l’artiste, le DJ est délocalisé plus près du public, au sol. Désormais la scène est accessible aux danseurs pour un dancefloor à deux niveaux.

Le design du nouveau DJ booth par le bureau NicolasDorval-Bory Architectes – récompensé du prix national des Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes décerné par le Ministère de la Culture et en charge de l’aménagement de l’espace Agora de la Maison de Radio France – répond à notre envie de réorganiser l’espace autour d’une relation directe artiste-public et offre à l’artiste le confort et le plaisir nécessaires pour jouer pendant plusieurs heures.

“Pour le nouveau DJ booth du Badaboum, le bureau Nicolas Dorval-Bory Architectes a exploré un renouvellement de l’esthétique industrielle du lieu. A l’image de la musique jouée ici, directe, radicale, surprenante, notre intervention recherche la simplicité, l’efficacité et l’audace : trois éléments standardisés structurels – des poutres métalliques IPE – sont posés au sol, délicatement empilés pour former le booth. Leur surdimensionnement impressionne, leur normalité étonne, leur blancheur, simplement ponctuée de touches de couleurs marque définitivement l’espace du club. La limite du booth ne tient plus seulement dans un objet de design, mais davantage dans l’élégance d’un assemblage élémentaire, brutal, familier, radical.”

 

Les systèmes son et lumière suivent cette logique et évoluent pour participer à créer une expérience sensorielle entière pour le public et les artistes. Le soundsystem a également été mis à niveau pour offrir un confort d’expression dans une double configuration propre aux concerts et aux soirées.

Une nouvelle charte graphique multi-facettes, à l’image du Badaboum, voit également le jour. Différentes strates combinant formes géométriques, palettes de couleurs et photos surréalistes. Un ensemble d’éléments placés dans un cadre dessiné pour être dépassé.

Au cours de cette année anniversaire, le Badaboum, comme lieu de vie, tendra à développer sa dimension polymorphe et multidisciplinaire sur ses différents espaces : concerts, restauration, dégustation, projections, happening, galerie… Côté concerts, la direction artistique persiste et signe pour une programmation haute en couleurs, affranchie de toute étiquette, mêlant artistes reconnus, émergents et avant-gardistes, provenant de la scène française et internationale.